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Les dernières actualités qui émeuvent certains d’entre nous – oui, seulement certains, c’est ainsi – ont mis en lumière notre totale impuissance à riposter et tenir tête au Monstre de nos malheurs. Les agressions violentes et répétées contre le Groupe Walfadjri depuis plusieurs mois n’auraient jamais été possibles sans les faiblesses quasi rédhibitoires de nos cadres syndicaux. La coupure du signal télé de notre confrère pour une durée de trente jours, endossée par notre ministre de tutelle, a révélé toute notre impuissance à faire face lorsqu’un droit constitutionnel est foulé au pied par ceux qui censés le respecter et le faire respecter.
Les emprisonnements ciblés de journalistes, facilités par notre apathie à consommer l’intolérable, ont créé chez beaucoup d’entre nous un réflexe d’autocensure. Même la fameuse ‘’carte nationale de presse’’, élément matériel distinctif des membres de la corporation, a commencé à devenir une arme au service de nos tortionnaires. Nous ne sommes plus en danger, comme nous aimions à le dire naguère pour alerter sur les risques qui nous guettaient. Nous sommes tous prisonniers du Monstre de nos malheurs et de ses exécutants. L’incompétence et la sournoiserie avec lesquelles le secteur des médias est régenté sont à la hauteur de la réputation des politiciens choisis pour la sale besogne.
Aujourd’hui, sommes-nous en mesure de sonner la révolte qui imposerait au Monstre de nos malheurs l’arrêt de ses agressions contre la liberté de la presse ? Certainement. Cela suppose de reconstituer la force collective et unitaire d’une corporation dont le rayonnement et l’autonomie sont indispensables à la démocratie et à l’Etat de droit. Tous les segments de la presse n’y contribueront pas au vu des positionnements divergents face au pouvoir politique. Mais en parallèle au travail de réunification des rangs de la presse sénégalaise, le temps est venu de densifier la lutte pour le respect de nos droits fondamentaux avec les moyens légaux à notre disposition. Les grandes mobilisations réussies par la Coordination des associations de presse (CAP) il y a quelques mois, sont la preuve vivante que nous avons encore notre destin en main. Engagement, organisation, action. Sans relâche. Tout reste possible pour faire reculer le Monstre de nos malheurs. Faisons face, sinon nous disparaîtrons !
#Éditorial_Commun De La Presse Sénégalaise