Dakar, – L’Assemblée nationale sénégalaise a franchi une étape historique le 8 mai 2025 en votant la mise en accusation de Mansour Faye, actuel maire de Saint-Louis et ancien ministre du Développement communautaire, devant la Haute Cour de justice. Cette décision, adoptée à la majorité, fait suite à des soupçons de détournement de fonds publics, d’escroquerie et de blanchiment de capitaux liés à la gestion des fonds Covid-19, pour un préjudice provisoire estimé à 2,749 milliards de FCFA36.
Les faits reprochés
Le dossier concerne des irrégularités dans l’achat de riz destiné à l’aide alimentaire pendant la pandémie. Selon le rapport de la Cour des comptes, des surfacturations massives ont été identifiées, notamment via des fournisseurs comme Aliou Sow, qui aurait bénéficié de commandes multiples pour des sociétés différentes (AFRI & CO/AVANTI). Les enquêteurs ont également révélé des acquisitions suspectes de biens immobiliers par des collaborateurs directs de l’ancien ministre, alimentant les présomptions de blanchiment,
Après son audition le 26 mai par la Commission d’instruction de la Haute Cour de justice, Mansour Faye a été placé sous mandat de dépôt, malgré les demandes de cautionnement de son avocat, Me Amadou Sall. Ce dernier a dénoncé le rejet de ses contestations, qualifiant la décision de « politisée »69. Faye rejoint ainsi quatre autres ex-ministres du régime de Macky Sall poursuivis dans cette vague de reddition de comptes :
L’affaire prend une dimension symbolique, Mansour Faye étant le beau-frère de l’ex-président Macky Sall. Son arrestation intervient dans un climat de tension, marqué par un accident de la route mineur lors de son trajet vers Saint-Louis, interprété par certains comme une tentative de fuite. Les nouvelles autorités, issues de l’alternance politique avec Bassirou Diomaye Faye, y voient une preuve de leur engagement contre l’impunité
Yankhouba Thiam